Exercices basiques d’imagerie mentale 2

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Une fois sensibilisé à la gestion des images mentales, on peut commencer à gérer des images en relation avec des matières à apprendre ou des tâches spécifiques à accomplir. Je rappelle que ces exercices ne sont qu’un extrait largement édulcoré d’un ensemble plus vaste, qu’il faut savoir les utiliser pour en mesurer l’efficacité, ce qui est impossible à faire via un site Internet, comme une recette de cuisine ne saurait à elle seule faire un bon plat.

 

 

Les formes géométriques

 

Matériel : des images représentant des formes géométriques :

de nature différente ;

de taille différente ;

de couleur différente.

  1. Regardez attentivement l’image avec pour objectif de l’encoder (mémoriser), sans vous parler. Si cela est difficile, il faut se dire « lalallalala »
  2. Fermez les yeux et évoquez visuellement l’image, sans vous parler.
  3. Ouvrez les yeux et assurez-vous de la fidélité de l’image évoquée avec le réel.
  4. Une fois la fidélité garantie, recommencez les étapes 1 à 3 avec une autre image.

 

 

Evocation d’une expérience scientifique (SVT, chimie, physique)

 

Les bénéfices spécifiques pour les élèves et étudiants qui sont confrontés à des expériences de Sciences de la Vie et de la Terre, de physique ou encore de chimie sont les suivants :

  • Meilleur encodage des expériences réalisées par les professeurs ;
  • Meilleure réalisation des expériences en repassant dans le conscient l’expérience encodée ;
  • Meilleure compréhension des consignes données lors de devoirs qui abordent l’expérimentation scientifique.

J’ai testé cela avec plusieurs élèves et étudiants, et cela fonctionne vraiment bien. Naturellement, il existe des différences individuelles, comme en toute chose. Les difficultés peuvent provenir d’une mauvaise gestion des images mentales visuelles et/ou d’une mauvaise gestion de la mémoire de travail et/ou d’une mauvaise gestion de la mémoire à court terme, sans naturellement écarter d’autres possibilités. Et oui, ça n’est pas si simple qu’on le souhaiterait, et un site Internet ne saurait remplacer une intervention humaine.

Attention : il est bon de disposer de plusieurs films présentant des expériences diverses. D’autre part, les élèves et étudiants qui ont expérimenté cela ont déclaré qu’ils étaient d’abord plus lents à réaliser les expériences en laboratoire, mais qu’une fois habitués, ils gagnaient du temps.

Public : élèves et étudiants qui ont à faire dans leur programme des expériences en laboratoire (Sciences de la Vie et de la Terre, physique, chimie)

Préparation : disposer d’une expérience scientifique filmée d’une durée maximale de 5 minutes. Découpez le film en plusieurs séquences homogènes qui présentent des étapes de l’expérience mais dont la durée n’excède pas 20 secondes.

  1. Regardez attentivement le premier extrait du programme, sans le son.
  2. Fermez les yeux et évoquez la scène, sans vous parler.
  3. Ouvrez les yeux, et repassez la scène pour vous assurer de la fidélité entre l’image évoquée et le Réel.
  4. Recommencez jusqu’à ce que la scène évoquée soit fidèle au Réel.
  5. Reprenez la projection du programme en ajoutant la séquence suivante.
  6. Répétez les étapes 1 à 4 jusqu’à la fin du film.

 

 

Emploi des images mentales en philosophie

 

La philosophie est une discipline aussi rigoureuse que les mathématiques et sans aucun doute aussi utile. Elle nécessite mémorisation, raisonnement, abstraction, méthode, compétences langagières. Elle rebute pour autant nombre d’élèves qui non seulement ne la croient pas utile, mais sont aussi trop prisonniers des percepts, manquent de créativité. D’autre part, ils ne parviennent pas à saisir le sens de l’abstraction. Comprendre, c’est prendre pour soi (du latin cum prehendere), soit traduire ce qui est extérieur à soi pour se l’approprier. Finalement, c’est rendre concret ce qui est abstrait. La neuropédagogie des images mentales favorise le passage de l’abstrait au concret. Comment ? C’est ce que nous allons voir avec cet exercice.

  1. Soit le mot « inhumain ». Encodez ce mot en lui associant plusieurs images visuelles qui vous traversent l’esprit, et qui permettent de concrétiser ce qui peut être inhumain. Prenez du temps.
  2. Sur le même modèle, encodez les mots « humain », « homme » et « action ».
  3. Soit le sujet de dissertation suivant : Peut-on qualifier d’inhumaines certaines actions de l’homme ?
  4. Evoquez les images visuelles qui se rapportent aux mots de la dissertation. Des images de guerre et autres massacres, mais aussi expérience du courage et actes héroïques devraient vous venir. Les images visuelles vont concrétiser, donner corps au mot « inhumain » qui est abstrait. Le sujet aura donc plus de sens pour certains.
  5. Le sujet demande effectivement de parler des actes bestiaux mais aussi héroïques que l’homme est capable d’accomplir.

Naturellement, les images mentales ne prétendent pas à elles seules faire d’un élève médiocre en philosophie un bon élève. Mais elles sont d’un précieux secours pour saisir l’abstraction.

 

 

Emploi des images mentales pour l’orthographe lexicale

 

L’orthographe lexicale a pour objet de coder le phonème (le son) avec le graphème (les lettres). Les images mentales peuvent aider en cela.

Voici exposées trois méthodes pour encoder les mots selon les principes de la Gestion Mentale. A chacun de trouver celle qui convient le mieux.

 

Première méthode

  1. Lisez le mot inventé suivant avec pour projet de le faire exister dans votre tête : « rhémyphassozie »
  2. Fermez les yeux et voyez le mot écrit dans votre écran mental, tout en lui associant une image visuelle, n’importe laquelle. Pour l’exemple, associons à ce mot l’image d’une trompette.
  3. Les yeux toujours fermés, faites défiler l’image visuelle de chaque lettre tout en l’épelant à voix haute. Vous devez donc associer l’image visuelle à la voix.
  4. Les yeux toujours fermés, évoquez visuellement le mot en entier et prononcez-le à voix haute, tout en maintenant présente l’image de la trompette.
  5. Ouvrez les yeux et vérifiez la fidélité du percept visuel verbal à votre évocation.
  6. Recommencez les étapes 1 à 3 si nécessaire.
  7. Employez ce mot dans une phrase.

 

Deuxième méthode : vous aurez besoin de vous enregistrer ou que quelqu’un vous lise les mots

  1. Vous encodez le mot en l’écoutant, mais sans le voir.
  2. On vous épelle le mot, vous ne le voyez toujours pas.
  3. Vous épelez le mot dans votre tête (image auditive verbale). Vous ne voyez toujours pas le mot.
  4. Lisez maintenant le mot et en même temps, épelez-le dans votre tête. Vous pouvez ensuite réciter et épeler le mot à voix haute.
  5. Ecrivez le mot tout en épelant chaque lettre à mesure que vous l’écrivez.
  6. Recommencez les étapes 4 et 5 si le mot n’a pas été assez bien encodé.
  7. Employez ce mot dans une phrase.

Troisième méthode : elle nécessite également l’aide de quelqu’un

  1. Une personne prononce le mot à apprendre puis écrit la première lettre tout en la prononçant.
  2. Fermez les yeux et écrivez cette lettre dans l’espace tout en la prononçant.
  3. La personne efface la lettre.
  4. Ecrivez cette lettre sur un cahier en la prononçant ou non.
  5. Répétez les étapes 1 à 4 pour chaque lettre.
  6. Quand toutes les lettres sont codées, écrivez le mot dans l’espace tout en le prononçant, puis écrivez-le sur le cahier en le prononçant ou non.
  7. Employez ce mot dans une phrase.

 

Quelle que soit la méthode, l’opération paraît un peu complexe parce qu’elle est très détaillée. Mais intégrer le protocole est facile. Cela fait, on code les mots très rapidement, et cela évite le caractère répétitif qui consiste à répéter inlassablement les mots pour les apprendre.

En neuropédagogie des images mentales, on ne reconnaît pas de distinction entre « auditifs », « visuels » ou « kinesthésiques » parce que d’une part, on est tout à la fois ; d’autre part, la Gestion Mentale est assez confuse sur certaines notions, par exemple, la distinction entre verbal et non verbal. En revanche, il y a des sujets très imageants et d’autres peu imageants. Là se situe essentiellement la différence.

Voici exposée la méthode neuropédagogique pour coder l’orthographe lexicale. Elle est employée aux Etats-Unis en « accelerative learning ». Les sujets imageants y parviendront plus facilement que les autres ; ces derniers bénéficieront alors d’abord d’exercices pour les sensibiliser et les renforcer aux évocations (voir le point 1).

 

Contexte 1 : quelqu’un est disponible pour aider l’apprenant. Appelons cette personne « l’enseignant ».

  1. L’enseignant prononce et écrit le mot en même temps.
  2. (1ère phase d’encodage)- L’apprenant lit et écoute.
  3. (2è phase d’encodage)- L’apprenant écrit le mot dans l’espace tout en le regardant écrit, et en même temps, il prononce le mot.
  4. (Phase d’évocation) – L’apprenant ferme les yeux. Il évoque l’image visuelle des lettres, évoque l’image auditive des lettres (il peut aussi prononcer le mot à voix haute), et sollicite les muscles de la main et/ou de l’avant-bras de manière imperceptible. Le corps ne doit donc pas bouger, contrairement à l’étape n°3 ; il s’agit de simuler le mouvement.
  5. (Phase de restitution) – L’apprenant ouvre les yeux et écrit le mot sur une feuille. Le mot a auparavant été effacé par l’enseignant.
  6. Répéter les étapes 1 à 6 jusqu’à ce que le mot soit parfaitement encodé.
  7. L’apprenant emploie le mot dans plusieurs phrases.

 

Contexte 2 : l’apprenant apprend seul (c’est moins efficace)

  1. L’apprenant lit le mot. Tout en le regardant écrit, il le prononce et le dessine dans l’espace. La position assise n’est pas obligatoire.
  2. L’apprenant cache le mot.
  3. L’apprenant ferme les yeux. Il évoque l’image visuelle des lettres, évoque l’image auditive des lettres (il peut aussi prononcer le mot à voix haute), et sollicite les muscles de la main et/ou de l’avant-bras de manière imperceptible. Le corps ne doit donc pas bouger, contrairement à l’étape n°3 ; il s’agit de simuler le mouvement.
  4. L’apprenant ouvre les yeux et écrit le mot sur une feuille.
  5. L’apprenant vérifie la fidélité du mot écrit avec le modèle.
  6. Répéter les étapes 1 à 5 jusqu’à ce que le mot soit parfaitement encodé.
  7. L’apprenant emploie le mot dans plusieurs phrases.

 

Note : si on doit apprendre l’orthographe de plusieurs mots, il faut passer au mot suivant même si on n’a pas parfaitement codé le mot précédent. On doit donc ignorer l’étape 6 des contextes 1 et 2. En effet, la répétition à l’identique n’est pas la meilleure façon d’apprendre parce qu’elle entraîne la lassitude qui traduit en fait une propriété de l’hippocampe. Celui-ci, présent dans le lobe limbique filtre les informations pour laisser plus facilement passer les nouvelles informations. Les séances dédiées à l’orthographe lexicale doivent donc être courtes et la répétition doit s’étaler dans le temps. Par exemple, si on a 20 mots à apprendre dans un délai de 8 jours, le jour 1, on prend 3-5 minutes pour coder les mots (on ne recommence donc pas si le mot n’est pas bien codé) ; puis on répète l’opération les jours 3, 5 et 7. On laisse ainsi le temps aux connexions se faire entre clusters de neurones.

 

 

L’apprentissage par le mouvement

 

L’apprentissage par le mouvement (y compris l’apprentissage de l’abstraction), associé à la perception et à l’évocation visuelle et auditive (verbale ou non verbale) permet d’apprendre et de retenir beaucoup mieux. Les neuroscientifiques ont en effet découvert que cela était dû à l’influence du cervelet. Le cervelet et le cortex se transmettent les informations dans les deux directions (1). Selon les travaux de Peter Strick relatés dans plusieurs ouvrages (par exemple (2) et (3)), la partie du cerveau qui traite le mouvement et l’apprentissage est le même. Dans une étude datée de 2003, [Flanagan, Vetter, Johansson, et Wolpert -> http://psyc.queensu.ca/~flanagan/publications.html] relatent que nous apprenons à prédire nos mouvements avant de les exécuter pour mieux les contrôler. Toutes les activités motrices sont donc précédées par de rapides processus de pensée qui fixent les objectifs, analysent les variables, prédisent le résultat, et exécutent le mouvement (3). Apprentissage, mémoire et mouvement sont en relation.

En plus, les personnes particulièrement angoissées par l’apprentissage permettront de se libérer de leur stress, puisque le stress est une inhibition de l’action, or quand on se meut, on agit ! Pour plus de détail sur la gestion du stress, voir le cours idoine sur le présent site.

Petit exemple pratique pour illustrer cela : parfois, vous oubliez votre digicode ou le code de votre carte bleue. Impossible de le voir en image dans votre tête ou de vous le réciter. Pourtant, dès que vous entamez le geste, il vous revient ! Autre exemple : ceux d’entre vous qui ont appris une danse, comme la Macarena, peuvent s’en souvenir alors même qu’ils ne l’ont pas pratiquée depuis des années ! Nous sommes certains que d’ici quelques dizaines d’années, l’apprentissage par le mouvement sera généralisé.

 

 

Comment encoder (mémoriser, apprendre) une carte de géographie ?

 

Matériel : une carte de géographie (bien sûr !)

  1. Regardez (visuel verbal/non verbal), récitez-vous (auditif verbal/non verbal) la carte et épousez-la (kinesthésie non verbale) de votre doigt pour l’encoder. Si quelqu’un pouvait vous la réciter, l’encodage serait encore meilleur. Et si vous associez une émotion, un sentiment ou encore une signification aux villes à apprendre, l’affaire prendrait meilleure tournure.
  2. Fermez les yeux et visualisez la carte comme votre doigt en vous récitant ses contours et ses villes. Vous devez également ressentir votre doigt, mais demeurez immobile.
  3. Ouvrez les yeux et vérifiez la fidélité de votre évocation avec le percept. Recommencez les étapes 1 et 2 autant de fois que nécessaire.

Note : pour apprendre des cartes complexes avec de nombreuses villes ou états à placer, ou encore toute autre donnée (comme la division de l’appareil de production économique américaine en « Belt »), il faut encoder en plusieurs fois.

Un premier encodage global (toute la carte) d’une durée de 10 à 20 minutes pour créer un point d’ancrage dans le cerveau.

Deux jours plus tard (environ), encoder plus spécifiquement la première partie.

Deux jours plus tard (environ), encoder la seconde partie, puis deux jours après la troisième, etc. De temps en temps, il faut vérifier que les parties précédentes ont bien été encodées par la restitution (dessiner la carte et/ou y placer des villes, etc.). Dans le cas contraire, il faut réencoder. On peut poursuivre l’encodage des parties suivantes, même si l’encodage des parties précédentes n’a pas été suffisamment bien encodée. Les neurones vont créer les connexions adéquates.

 

 

Emploi d’images mentales appliquées à la préparation mentale des sportifs

 

Les sportifs de haut niveau suivent une préparation mentale avec un coach qui les aide à optimiser leur relation avec l’environnement. Cela passe par une meilleure conscience de son corps qui entraîne une habileté plus grande des gestes via la gestion de l’espace, une position optimisée du corps, une écoute de soi ; la diminution du temps de réaction par la simulation de situations en images mentales ; un meilleur encodage des gestes pour les rendre plus précis, sans que ces exemples soient limitatifs.

L’exercice suivant s’intègre dans un protocole plus complet. Il n’est présent qu’à titre indicatif pour montrer les nombreuses implications des images mentales.

Matériel : un film sur le sport pratiqué dont les images sont ralenties. Le film doit être découpé en séquences homogènes pour que chacune ait un sens.

  1. Regardez avec attention la première séquence, tout en imitant les gestes de manière à encoder selon une modalité triple : visuelle, auditive, kinesthésique.
  2. Fermez les yeux et repassez dans votre tête la séquence en vous la commentant ou non, suivant votre habitude, tout en sollicitant vos muscles. Mais vous ne devez pas vous déplacer dans l’espace. Mieux vaut éviter de se commenter les gestes pour être plus rapide. Normalement les exercices visant à renforcer la capacité d’imagerie visuelle permettront aux sujets peu imageants visuellement de pallier cela.
  3. Ouvrez les yeux, repassez la même séquence afin de vérifier la fidélité de vos évocations avec le percept. Dans le cas contraire, recommencez.
  4. Recommencez les étapes 1 à 3 avec une séquence suivante.

 

J’ai utilisé une version plus aboutie de cet exercice sur de jeunes footballeurs amateurs dans le cadre de mes recherches, et cela a très bien fonctionné.

 

 

Conclusion :

 

La maîtrise des images mentales est éminemment utile à tous les actes de la vie, que ce soit dans le domaine de l’apprentissage (toutes matières, tous niveaux), celui du sport, ou encore dans des activités manuelles et pratiques. On peut renforcer ses capacités en imagerie mentale, en développer de nouvelles et gagner ainsi en performance.

Cependant, l’apprentissage et la maîtrise des images mentales, que ce soit dans le cadre de la neuropédagogie des images mentales ou celui de la Gestion Mentale, n’a que peu d’intérêt pour elle-même, sauf dans le domaine du sport où on sait depuis longtemps qu’elle est très efficace. Elle doit donc s’inscrire dans une démarche de pédagogie systémique, c’est-à-dire être en relation avec d’autres disciplines. Apprendre est un mouvement d’ensemble !

 

 

Quelques sources bibliographiques parmi d’autres

(1) Collet, C. : Mouvements et Cerveau, neurophysiologie des activités physiques et sportives ;

(2) Gazzaniga, Ivry et Mangun : Neurosciences cognitives, la biologie de l’esprit.

(3) Jensen, Eric P. : Teaching with the Brain in Mind

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