Les émotions dans les apprentissages – introduction

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Dans la série Le Bureau des Légendes, saison 2, Qu’est-ce qui a permis à Céline Delorme, agent de la DGSE, de détecter une anomalie ?
L’intuition !

Autrement dit, une émotion, non consciente.

 

Une anomalie déclenche l’émotion

Sous l’action d’indices dans l’environnement, l’anomalie a atteint les zones du traitement conscient de l’information.

L’émotion, non consciente, est devenue consciente : un sentiment.

Céline Delorme avait le sentiment que l’anomalie résidait dans le surnom que s’était attribué un terroriste : Deep Blue.

Modifiez « sentiment » par « pensé » ou « émis l’hypothèse ».

Un indice anodin pour le terroriste, terriblement utile pour les agents du Renseignement.

Ce n’est pas le traitement conscient de l’information qui a permis de détecter cette anomalie.

Ce sont les connaissances (en l’occurence, la connaissance des surnoms ordinairement employés par les terroristes) et l’émotion (comme signal d’alerte sur un déséquilibre, une situation inédite).

Ce n’est pas du cinéma. C’est de la psychologie.

Il existe une école de l’intuition, parrainée par Philippe Guillemant, chercheur en physicien quantique.

Dans le « thin slicing », c’est aussi l’émotion qui permet de détecter si une personne sera bonne pour moi. En trente secondes. Attention cependant au thin slicing: nos intuitions peuvent aussi nous tromper.

L’intuition et l’interprétation de l’intuition sont deux choses différentes

Il ne reste plus qu’à agir pour que l’anomalie n’en soit plus une. C’est-à-dire qu’elle soit connue.

C’est-à-dire qu’elle soit apprise.

 

La motivation est émotionnelle

Qu’est-ce qui nous motive ? Est-ce le succès comme je le vois écrit ?

Non. Un succès obtenu trop facilement ne motive pas. Parce qu’on ne contrôle pas.

On distinguera l’action de la motivation.

On peut agir sans motivation. Comme dans le sens du devoir.

Ce qui motive, ce sont les émotions.

 

L’émotion est signal d’alerte qui déclenche une action pour éteindre l’émotion, donc rétablir l’équilibre

Comme signal qui nous alerte sur une situation rare ou inédite, l’émotion va nous conduire à agir pour que cette situation soit apprise, connue.

Pas d’émotion dans un milieu routinier, standardisé, contrôlé. Aucune opportunité d’apprendre.

 

Une alerte sur une opportunité ou un danger

Si ce signal nous alerte sur une opportunité de combler nos désirs et besoins, nous allons être motivés pour agir.

Ce que j’apprends est intrinsèquement intéressant, les mécanismes en jeu sont fascinants, la manière dont ils sont exposés me plait. Je suis impliqué. Ce que j’apprends me servira. Ce que j’apprends comble mes besoins de défi.

Peu importe la pédagogie. La pédagogie est secondaire. Tout se passe dans la tête de l’apprenant.

Si ce signal nous alerte sur un danger pour nos désirs et besoins, nous allons être motivés pour agir…à le fuir ou l’éloigner.

Si on cherche à m’humilier, on me rappelle les dangers auxquels étaient exposés mes lointains ancêtres, lorsqu’ils devaient réagir rapidement pour l’éviter. Alors je me mets en colère ou je me renferme sur moi. Ce rappel est inconscient. Il est profondément ancré dans mon système de survie.

 

Nous demeurons des être primaires dans une société complexe

Nos Sociétés ont l’air complexes. Elles le sont. Ce sont des phénotypes étendus. Mais nos mécanismes comportementaux, dont l’apprentissage, n’ont pas beaucoup évolué.

Aussi intelligents et instruits soyons nous, nous sommes des êtres primaires.

Apprendre sert à être adapté à la société actuelle et à anticiper l’adaptation dans une société future.

Savoir faire et comprendre les concepts sont les résultats de l’apprentissage.

Apprendre est donc un mécanisme qui consiste à internaliser les informations qui proviennent des Univers (ils sont faits d’informations) ou de l’Univers-bloc afin qu’elles soient pertinentes sur le plan émotionnel, et/ou utiles.

 

Les émotions sont impliquées, même dans un calcul, dans la résolution de problèmes

Combien font 385 + 742 ? Vous répondez par un calcul qui vous donne un résultat.

Mais comment savez-vous que ce résultat est exact ? Parce que vos émotions vous indiquent qu’ils sont exacts. Vous avez confiance. Cette confiance monitore les signaux d’alerte.

En revanche, si vous n’êtes pas sûr(e) de votre résultat (vous êtes fatigué(e) par exemple), vous allez le vérifier. Votre défiance monitore les signaux d’alerte.

Confiance et défiance sont liées aux émotions et participent à la métacognition.

La métacognition est liée aux émotions.

 

Les émotions permettent de comprendre

Les émotions vous permettent de comprendre.

Les émoticons indiquent visuellement une émotion. Ils aident à comprendre le sens d’une phrase. Les émoticons jouent le rôle de la prosodie.

 

Les émotions sont impliquées dans la décision

Les émotions viennent altérer la prise de décision, y compris lorsqu’on établit un diagnostic médical. C’est ce qu’écrit le Dr Jérôme Groopman dans How Doctors Think.

 

Les émotions transforment la connaissance

Ensuite, les émotions alimentent les croyances et se substituent à la preuve objective.

Autrement dit, la performance et la connaissance sont deux choses différentes.

D’excellentes formations peuvent conduire à des résultats discutables, notamment parce que les émotions sont impliquées dans la prise de décision en milieu professionnel. Comme dans le cas du diagnostic médical.

On peut savoir et ne pas écouter son savoir. Comme Paul Lefebvre dans le Bureau des Légendes qui a mis ses émotions au premier plan.

Les chercheurs eux-mêmes sont prisonniers de leurs émotions qui vont les conduire à s’arranger avec les données scientifiques qu’ils ont eux-mêmes recueillies, à émettre des conclusions non pertinentes avec leurs recherches, ou encore à mélanger dans des méta-analyses des études qui n’ont pas à se retrouver ensemble, juste pour prouver leurs croyances.

 

Nos objectifs réels sont émotionnels, ne pas s’en rendre compte peut provoquer un trouble

Qu’est-ce qui nous motive à penser et agir ? Nos émotions !

Pourquoi nos émotions nous motivent-elles à penser et agir ? Parce que nos objectifs réels sont émotionnels ! Parce que nos besoins et désirs sont émotionnels !

Même la faim, qui est un besoin primaire, est un objectif émotionnel, un signal qui nous alerte sur une situation qui peut être dangereuse.

Et lorsque la faim est comblée par l’abondance, alors notre objectif devient à rechercher du plaisir en mangeant, en fonction de la valeur qu’apporte la culture à cet acte.

 

Les émotions sont un mécanisme premier impliqués à tous les niveaux

Apprentissage, résolution de problèmes, prise de décision, motivation, management des comportements…les émotions sont au cœur de tout cela.

En ce qui concerne les apprentissages, les émotions sont un signal qui nous alerte sur une situation inédite, insolite, qui nécessite une action.

Maintenant que vous savez mieux ce qu’est une émotion sur le plan scientifique, voici un petit exercice :

Comment intégreriez-vous les émotions dans un cours introductif à la photographie ou à l’emploi d’un tableur, pour une population de novices ?

 

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