Apprendre : connexions et répétitions

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Sur le plan biologique, apprendre serait une affaire de connexions. Lorsque nous sommes face à une information nouvelle, certains de nos neurones vont s’associer pour créer de nouvelles connexions synaptiques, comme si l’on construisait des routes pour relier plusieurs villes.

Si de nouvelles connexions sont établies, répéter et réviser l’information renforce ces connexions, ce qui permet de la placer dans la mémoire à long terme. Mais aussi, la répétition d’une information nous permet d’y avoir accès plus rapidement, ce qui diminue la charge cognitive, nous le verrons.

Croire que l’on connaît son cours en l’ayant lu une fois ou en ayant écouté le professeur constitue donc une erreur fondamentale.

L’erreur elle-même est considérée comme une mauvaise connexion, une route qui relie mal deux villes. En revanche, apprendre de ses erreurs offre l’opportunité d’affaiblir les mauvaises connexions au profit de connexions plus appropriées. Il est donc essentiel de comprendre les raisons qui nous ont conduits à l’erreur, au risque de les reproduire. Et il faut les comprendre le plus tôt possible sinon les connexions erronées se renforcent et deviennent plus difficiles à effacer. Les conceptions et préjugés sont le fruit de connexions erronées qui n’ont pas été effacées.

De nouvelles connexions entre réseaux de neurones peuvent certes s’établir ou se renforcer, mais elles peuvent aussi s’affaiblir et disparaître. La disparition des connexions s’appelle l’élagage synaptique (pruning en anglais).

Une connexion s’affaiblit ou disparaît soit parce que nous avons appris de nos erreurs, soit parce que nous avons assimilé des informations plus pertinentes qui sollicitent un autre réseau de neurones, soit parce que notre activité a changé et ne sollicite plus les réseaux de neurones incriminés. On pourrait résumer ce dernier point par « le cerveau ne s’use que lorsqu’on ne s’en sert pas » !

 

 

1. Ne pas déranger

 

Le chercheur Canadien Peter Milner, l’une des sommités dans l’étude des relations entre la mémoire et l’apprentissage, affirme que l’on ne doit pas être dérangé pendant les phases d’apprentissage et de mémorisation, au risque de perdre les connexions synaptiques qui se forment.

Cependant, il semble que la musique classique ou baroque favorise l’apprentissage, à condition que le volume soit mesuré. Les autres musiques nuisent à l’apprentissage, même si l’apprenant affirme mieux travailler avec. Ce n’est qu’une impression, pas une réalité.

 

 

2. Le temps des connexions

 

Nous savons maintenant que les connexions entre neurones nous permettent de mémoriser et réussir ce que nous entreprenons.

La création de nouvelles connexions commence environ 15 minutes après l’exposition à une information inédite. Ce processus mettra jusqu’à deux jours pour se parfaire, selon la complexité de l’information.

Cela signifie qu’il faut privilégier de courtes sessions d’apprentissage avec des pauses fréquentes pour mieux assimiler des données nouvelles et complexes. En effet, l’hippocampe dont nous avons parlé agit comme un filtre protecteur, mais il a une capacité mnésique très faible selon Kelso.

 

Quand les pauses doivent-elles intervenir ?

La capacité d’assimilation dépend de la personne, de la complexité des données et de la qualité de l’environnement. Il convient donc d’adapter les conseils suivants, basés sur l’âge, en prenant en compte les trois facteurs précités.

De 5 à 12 ans : une pause de 5 minutes toutes les 20 minutes.

De 12 à 15 ans : une pause de 5 minutes toutes les 25 minutes.

De 15 à 25 ans : une pause de 5 minutes toutes les 35 minutes.

De 25 à 50 ans : une pause de 5 minutes toutes les 40 minutes.

De 50 à 60 ans : une pause de 5 minutes toutes les 30 minutes.

De 60 à 70 ans : une pause de 5 minutes toutes les 25 minutes.

Plus de 70 ans : une pause de 5 minutes toutes les 20 minutes.

Pour tous : lorsque les données à apprendre sont particulièrement complexes ou lorsqu’on n’a pas les prérequis, il faut faire une pause de 5 minutes toutes les 10 minutes et répéter les données.

 

Que faire pendant ces pauses ?

Il ne faut surtout rien apprendre de nouveau au risque de perturber les connexions qui se forment.

Sur fond de musique classique ou baroque, on peut donc se livrer à la métacognition, l’introspection et évoquer les données récemment apprises. La pause ne doit pas être un moment de détente coupé de l’apprentissage, mais un moment de détente qui favorise la consolidation des données.

 

Le programme est chargé, les pauses sont-elles une perte de temps ?

Au contraire, les pauses permettent de mieux assimiler le programme tout en rendant l’apprentissage agréable. L’assimilation facilitée, l’apprenant prend confiance en ses capacités, ce qui développe sa motivation. Corollairement, il se rend davantage présent à ce qu’il fait, donc il est attentif. Comme il est plus attentif, il mémorise mieux. C’est un cercle vertueux qui se forme. Si les pauses font perdre du temps à court terme, elles permettent d’en gagner à long terme.

 

Le sommeil, grand ami des connexions

Le sommeil est un moment fondamental et irremplaçable pour la mémoire, l’apprentissage, et l’intelligence. De nombreuses expériences l’ont démontré.

Si nous sommes inégaux devant le sommeil, un apprentissage optimal doit respecter la règle suivante : se coucher tôt et se lever tôt ! Cela est malheureusement incompatible avec l’organisation des cours et formations, comme avec les spécificités biologiques et psychologiques de l’adolescence. En effet, un adolescent devrait se réveiller vers 9h.

L’idéal serait de pouvoir faire de fréquentes pauses de sommeil, surtout après des apprentissages complexes. A cet égard, les formations en micro-sommeil sont pour les adultes qui doivent apprendre beaucoup, d’une importante utilité. Il faut pour le moins réhabiliter la sieste qui améliore la performance cognitive, l’efficacité et la productivité.

Enfin, les apprenants ne doivent pas être devant un écran (télévision, ordinateur, téléphone portable) 1h à 1h30 avant de se coucher. Le dernier geste devrait être consacré à la lecture ou à la métacognition.

 

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