Critical Thinking Skills, S01_E00

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“Todorov a trouvé que les gens jugent la compétence en combinant les deux dimensions de la force et la confiance. Les visages qui inspirent la compétence sont l’alliance d’un menton fort et d’un léger sourire confiant […] Les électeurs essaient d’imaginer la compétence future d’un candidat, et s’appuient sur une évaluation simple faite automatiquement et à la va-vite […] L’impact de cette compétence faciale sur le vote est environ le triple chez les électeurs peu informés qui ont tendance à voter en fonction de la télévision que ceux qui sont mieux informés et regardent moins la télévision. »

Cet extrait de Thinking Fast, Thinking slow indique comment gagner une élection, comment se forme une décision. Le célèbre système 1, système 2 introduit par Stanovich et West (et non Kahneman), est au cœur de la problématique des Critical Thinking Skills : penser lentement, mais penser au plus juste.

Pour vous guider dans les CTS, je vais profondément remanier le cours que j’ai dispensé à l’Université dans le cadre du programme « Bucknell en France ». Je vais sortir des sentiers battus, m’appuyer sur des sources universitaires en neuropédagogie (=neurosciences + pédagogie + psychologie), Organizational Behavior Management, philosophie, créativité, sciences comportementales, mathématiques, et autres sciences cognitives. Toute pensée juste ne peut s’exercer sans connaissance.

Attention : ceci n’est pas un article mais un document de travail pour des formations sur le raisonnement, que je suis en train de concevoir. Mes formations intégreront de nombreux éléments absents ici. Je partage ce document tel quel parce que cela est quand même de nature à aider tout le monde. Raisonner s’apprend, et cela permet effectivement de valoriser ses activités. Ce document est long, et il paraîtra parfois un peu brouillon. L’effet est voulu puisqu’il s’agit de conduire à faire un effort pour clarifier le propos.

 

Que sont les Critical Thinking Skills (CTS) ?

Les CTS ne disent pas quoi penser – c’est la fonction du rhéteur – mais aiguisent la pensée. Le résultat du processus sera toujours votre pensée, mais une pensée plus précise, plus juste, plus créative, pas une pensée automatique (système 1) qui est l’automatisation dans un système fermé.

Dans leur définition minimaliste, les critical thinking skills peuvent être considérées comme la discipline dont l’objet est d’évaluer toute connaissance ou croyance produite par la pensée humaine dans le but de se forger des opinions et connaissances basées sur des preuves vérifiables et agir en fonction d’elles.
Cela signifie que cette discipline est composée de deux parties principales:
– Une première partie qui s’occupe du traitement de toutes sortes de données par le raisonnement logique dans le but de déterminer les relations entre elles, leur véracité et leur finalité;
– Une seconde partie qui s’occupe de l’emploi du traitement des données pour se constituer des connaissances et opinions objectives et vraies qui serviront à prendre des décisions plus pertinentes car basées sur l’interprétation la plus logique et la plus objective de la réalité.

Pour en savoir plus sur les Critical Thinking Skills, je vous invite fortement à consulter les liens suivants :La principale association de Critical Thinkers : http://www.criticalthinking.org/
Un document de Lajos L. Brons qui à mon sens est le document disponible gratuitement le plus abouti sur ce que sont les CTS : http://www.lajosbrons.net/wp/criticalthinking.pdf
Un autre document qui complète le précédent : https://plato.stanford.edu/entries/critical-thinking/
Un autre de Diane F. Halpern, l’une des leaders en CTS, et ancienne Présidente de l’APA (American Psychological Association) : https://muse.jhu.edu/article/14808/pdf

Quatre articles que j’ai écrits, et qui se basent sur plusieurs livres sérieux :
https://3783-42515808c115.wptiger.fr/logique-raisonnement/critical-thinking-skills-definition.html
https://3783-42515808c115.wptiger.fr/logique-raisonnement/critical-thinking-skills.html
https://3783-42515808c115.wptiger.fr/logique-raisonnement/utilite-critical-thinking-skills.html
https://3783-42515808c115.wptiger.fr/logique-raisonnement/evaluation-critical-thinking-skills.html

Je poserai des questions qui vont permettre de transformer l’information, ce que je livre, en connaissance, ce que vous allez construire. Et vous aurez besoin des informations présentes dans les liens précédents.

Si vous souhaitez comprendre la différence entre l’information et la connaissance, je vous invite à regarder mon TedX. On notera au passage que j’ai beaucoup de progrès à réaliser dans la forme, à me détendre. Mais le fond est sérieux. https://www.youtube.com/watch?v=lzfhYtFLkXA

Cet article, ainsi que les suivants, préfigurent une formation d’envergure que je suis en train de concevoir. Elle sera originale et comblera ma frustration sur le carcan qui pèse sur l’enseignement, la formation professionnelle. Je vais casser les codes.

 

Réflexions sur l’enseignement et la formation

Comprendre la frustration, c’est questionner le statut de l’enseignement, de la formation professionnelle et de ses conditions. Il faut en discuter.

Comme beaucoup de professeurs et formateurs, je suis effectivement frustré par le format des cours et formations, par les contraintes, dont les contraintes budgétaires. On n’a ni le temps ni l’argent. Je suis désolé, mais les choses sérieuses prennent du temps. Et le temps coûte cher.

Ensuite, dans le contexte traditionnel et légal, on enseigne ou forme pour l’évaluation. C’est l’évaluation qui conditionne tout. Elles sont importantes certes, mais ne disent pas toute l’histoire. Et elles sont biaisées. D’ailleurs, seule la performance est évaluée. Voyez le milieu du football où on connaît bien cela : un coach ou un joueur peut réussir dans une équipe, pas dans une autre.

Regardez la vidéo suivante où une dame atteinte de la maladie d’Alzheimer retrouve ses facultés (ses connaissances) lorsqu’elle est en présence du bon indice de récupération, de la bonne émotion : https://vimeo.com/58403206

Changez un mot, un contexte de l’évaluation, et vous pouvez obtenir un résultat différent.

Pour s’assurer que les évaluations sont loin d’être écologiquement valides (retenez le terme de « validité écologique », j’y reviendrai) n’importe quel professeur ou formateur peut faire l’expérience suivante : évaluer les apprenants d’un collègue en proposant des modèles d’exercices et de problèmes auxquels ils n’ont pas été entraînés. Vous pouvez être certains que la performance de ces apprenants sera faible.

Dans l’enseignement traditionnel (formation initiale autant que professionnelle), en raison des contraintes budgétaires, en raison d’un héritage issu de la Révolution Industrielle, de la spécialisation disciplinaire et d’autres raisons encore, on forme des historiens. Des historiens du management, de la philosophie, des sciences, etc. D’ailleurs, Daniel Willingham, qui est loin d’être un imposteur, dit et démontre que l’on peut tout enseigner par le storytelling.

Je ne dis pas que l’enseignement traditionnel (peu importe la pédagogie) n’est pas bien. C’est très bien. Mais ça n’est qu’une partie du problème, et c’est insuffisant. Voici pourquoi.

Dans un post sur Linkedin, Bernard Anselem, médecin et neuropsychologue, a annoncé qu’Alphago était une Intelligence Artificielle qui avait battu le meilleur joueur de Go au monde. Cette intelligence se base sur l’apprentissage supervisé. Une autre IA, Alphazéro, qui se base sur l’apprentissage par renforcement, a battu 100 fois sur 100 Alphago.

Voici le commentaire d’Alexia Audevart, amie et experte renommée en IA et coauteure avec Magaly Alonzo, du livre « Apprendre demain », en réponse à un autre commentaire sur le post: « L’apprentissage par renforcement est en effet plus proche de l’apprentissage humain que de l’apprentissage supervisé. Les stratégies mises en place dans l’apprentissage par renforcement reproduisent fortement des mécanismes d’acquisition des connaissances des humains pour l’appliquer aux machines. La machine apprend de ses propres erreurs ! Cependant dans ce type d’apprentissage, à chaque fois qu’un agent interagit dans un environnement, le feedback est donné par l’environnement…L’environnement a été préalablement modélisé, conceptualisé, et tous les paramètres sont maîtrisés. Dans la vie réelle, nous ne pouvons définir tous les paramètres d’un environnement, je vous suggère de regarder du côté de l’apprentissage développemental qui s’inspire des travaux de Jean Piaget. »

Quand on forme, quand on enseigne, on raconte une histoire, forcément passée. On la raconte dans un milieu contrôlé (celui du laboratoire, de la classe, de l’amphi, de la salle de formation) selon des objectifs prédéterminés qui doivent être quantifiables (pour donner un indicateur supposément fiable) et économique (l’évaluation est de plus en plus standardisée). Quelle est la validité écologique, soit les nombreux paramètres d’un environnement réel et qui ne sont pas pris en compte par l’enseignement, la formation, qui raconte une histoire passée ?

Et dans ce domaine, l’IA sera meilleure que nous, il ne faut pas en douter. Ce n’est qu’une question de temps. En 1980, Antoine de la Garanderie écrivait que l’informatique conduira les être humains à se réfugier dans deux activités : les loisirs et l’apprentissage.

Enseigner l’histoire, comme on le fait, est important, mais insuffisant pour se préparer à demain. Il faut se préparer à l’instabilité, à l’incertain, à l’aléatoire. Et cela nécessite d’ajouter à l’approche historique une autre approche, tournée vers l’avenir. Une approche plus innovante, prospective qui paradoxalement retrouve ses traditions d’avant la division du travail et des disciplines. L’écosystème de l’enseignement et de la formation forme d’excellents spécialistes, mais il manque cruellement d’excellents généralistes capables d’incarner la lettre T dont parle Arnaud Chevallier lorsqu’il aborde CIDNI dans son livre. J’espère avoir piqué votre curiosité, un Critical Thinker va vérifier. Allez-y. Une piste pour commencer : https://www.imd.org/faculty/professors/arnaud-chevallier/

 

 

Une brève histoire de la pensée

L’objectif ultime des CTS est de chercher la vérité par une démarche fondée sur la logique, et conduire à prendre de bonnes décisions puisque fondées sur une appréciation objective de la réalité et non de ce que l’on voudrait croire.

Aussi, la question « la vérité existe-t-elle ? » entraîne une autre question : « que la Vérité existe ou non, sommes-nous capables de penser la Vérité ? »

Voyons ce que dit du cerveau le neuroscientifique Daniel Wolpert: https://www.ted.com/talks/daniel_wolpert_the_real_reason_for_brains

D’abord, le cerveau n’est pas fait pour penser. Il est fait pour bouger et pour surveiller que tout fonctionne en harmonie. La pensée, telle que nous la concevons, est le fruit de l’évolution, une nécessité conditionnée par l’environnement.

Vous avez entendu parler de Darwin et de l’adaptation n’est-ce pas ? Un papillon de couleur claire sur un arbre foncé sera facilement visible des prédateurs. Cela n’est pas terrible pour la descendance. Ce papillon clair donnera naissance à plusieurs papillons clairs et quand on prend le nombre de papillons clairs qui enfantent, il se peut que l’un d’entre eux donne naissance à une erreur, une anomalie : un papillon sombre. Celui-ci sera moins visible des prédateurs, et sa descendance sera plus adaptée à l’environnement. Elle supplantera les papillons clairs.

Mais avez-vous entendu parler de l’exaptation ? La théorie du recyclage neuronal popularisée par l’excellent Stanislas Dehaene est un exemple d’exaptation : les neurones de la lecture seraient un recyclage des neurones du traitement de l’image. La lecture est une construction culturelle récente dans l’histoire de l’humanité (il n’y a pas de lettres ou chiffres dans la nature) et le cerveau n’était pas prévu pour cela. Il a donc fait du neuf avec du vieux. Un autre exemple : les plumes des oiseaux servaient à réguler la température. Ce n’est qu’après que les oiseaux -pas tous – se sont mis à voler.

Notre capacité à communiquer et raisonner seraient donc le fruit d’adaptations et exaptations successives !

Et donc, la manière dont on apprend, dont on conceptualise, dont on raisonne, est orientée par notre culture. Ce n’est pas une manière naturelle. Les chercheurs spécialistes de la question disent que c’est une « curiosité culturelle » !

Donc, les cultures créent leur vérité et la transmettent par une histoire pédagogique que l’on raconte directement lorsque ce qu’on enseigne est simple, ou indirectement lorsque c’est plus complexe, et qui donne naissance à quantité de pédagogies et autres approches.

Et tout ce que l’on enseigne par cette histoire directe ou indirecte est valide dans un univers fermé et contrôlé. Le raisonnement est circulaire : j’enseigne ce que j’évalue, et mon évaluation donne la preuve de mon enseignement. Cela est vrai pour la formation initiale et continue. Mais le monde lui, il change. Et notre manière d’apprendre n’est pas naturelle, c’est une construction culturelle.

D’ailleurs, lorsqu’on dit qu’il ne faut pas apprendre par cœur, les Japonais eux apprennent par cœur, mais cet acte a une signification complètement différente et qui implique une différente manière de solliciter le système cognitif. Et les résultats ne sont pas si mauvais que cela, n’est-ce pas ?

Parlons du japonais, de la langue cette fois-ci. Selon le wikipedia anglais, Ao est un mot japonais qui signifie à la fois bleu et vert selon le contexte. La distinction ne s’est faite que pendant l’occupation par les Américains avec l’emploi du mot midori pour vert. Malgré tout, Ao est toujours employé pour qualifier certaines structures (objets, légumes…) verts.

Ce problème de représentation des couleurs se pose dans toutes les langues. Pourtant, les couleurs existent indépendamment des représentations que l’on a, non ? Imaginez les implications que cela peut avoir. Qui dit la vérité ? Les Japonais, les Américains, les Français ?
En fait, personne. Les objets n’ont pas de couleur parce qu’on les voit indirectement, grâce à la lumière. Or la lumière n’a pas de couleur.

D’ailleurs, ce que l’on perçoit grâce au système visuel n’est pas ce qui existe vraiment. Notre cortex assure le lien entre les parties de ce que l’on voit, interprète et corrige. Et, il se trompe.

La perception n’est pas neutre. C’est une reconstruction. Alors imaginez ce que cela peut être avec ce qu’on apprend.

Pour en savoir plus sur le système visuel ; une courte vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=hsh2kPdgazo

Voyez aussi l’illusion de Ponzo ou l’illusion Muller-Lyer.

Donc, on raisonne à partir de représentations de la réalité, et chacun d’entre nous a une représentation personnelle, unique. On ne raisonne pas à partir de la réalité, et cela entraîne énormément de problèmes dans tous les domaines, dont la communication, le raisonnement et l’apprentissage. Pensez à quelques problèmes en tirant parti de vos expériences dans votre vie professionnelle ou personnelle : relations avec les collègues, collaborateurs, n+1, etc. Sachant cela, quel statut peut avoir l’autre ? N’existe-t-il pas des moyens de régler les problèmes interpersonnels lorsqu’on pense au statut de la vérité ?

Bien. Initialement, notre cerveau n’est pas fait pour penser, et notre manière de raisonner et d’apprendre est une construction culturelle qui oriente notre manière de raisonner et d’apprendre et pense qu’elle s’évalue objectivement, qu’elle détient la Vérité. A l’échelle d’une culture aussi bien qu’à l’échelle d’un individu qui se forge une culture individuelle.

Vous avez noté que je n’ai pas annoncé de plan ni de titre de partie. Ce n’est pas bien. En plus, je n’ai même pas écrit « à la fin de ce document, vous saurez… ». Votre environnement est-il planifié ? Comment appliquer un plan dans un environnement changeant ?

 

De la construction de la pensée aux deux systèmes de pensée

Je reviens au système 1 et système 2. Pas seulement en m’appuyant sur le livre de Kahneman, qui est excellent, mais sur d’autres sources qui ont précédé et suivi ce livre.

Donc, selon les dernières évolutions des sciences cognitives, nous aurions deux systèmes de pensée. Tout le monde n’est pas d’accord avec cela, mais ce n’est pas le sujet ici.

Le système 1 est rapide, automatique et fonctionne sans effort. Il est efficace dans un environnement prédictible, donc un environnement fait de routines, de régularités. C’est le système le plus souvent sollicité, et il conduit à nous faire faire des erreurs dans la prise de décision. C’est un système partagé entre humains et animaux, et il est composé de sous-systèmes qui opèrent en autonomie. Ce qui parvient à notre conscience, c’est le produit fini.

Le raisonnement logique appartient au système 2, lent, séquentiel, et qui sollicite beaucoup la mémoire de travail (si vous avez visionné mon TedX, vous avez un petit aperçu de ce que c’est).

Cependant, du point de vue du raisonnement, on ne peut pas dire que le système 1 ne raisonne pas. Effectivement, lorsque vous lisez un texte ou vous écoutez une conversation, vous l’interprétez à partir d’une construction des représentations en mémoire de travail. Lorsque votre mémoire à long terme est familière du contenu du texte ou de la conversation, c’est une routine, donc c’est le système 1 qui est activé. Mais lorsque surgit un problème (= ce qui n’est pas automatique), les deux systèmes sont sollicités.

Donc, quand on fait un plan, que ce plan soit délibéré (système 2) ou automatique (système 1), on imagine évoluer dans un monde contrôlé et fermé, aussi bien présent que futur. Et même si on fait plusieurs plans, chaque plan est une instance d’un raisonnement dans un monde fermé et contrôlé. Quid d’un monde ouvert, de la créativité ? Y a-t-il un plan dans la nature ? Les espèces ne se spécifient-elles pas aléatoirement, sous la pression de l’environnement ? Une absence de plan ne permet-elle pas d’être plus flexible, plus attentif, plus observateur, générer davantage d’idées, saisir des opportunités non envisagées ?

Un plan et une méthode pour l’accomplir ? Dans « The strange story of scientific method », voici ce qu’écrit Thomas Nickles.

Début de citation

La plupart des experts en études scientifiques s’accordent sur le fait que l’existence d’une méthode scientifique générale est un mythe. L’évolution biologique est le plus grand process créatif connu, qui obtient plus à partir de moins. L’évolution est un process aléatoire qui se base sur la chance. La méthode scientifique n’est qu’un moyen de trouver de la raison à la chance. Si la chance est inévitable dans la découverte, si la découverte présuppose la chance, alors la recherche classique est faussée dès l’origine :
1. L’ignorance est nécessaire et suffisante pour la chance.
a. La chance présuppose l’ignorance.
b. Toutes les fois qu’il y a de l’ignorance, les résultats issus de la chance sont possibles.
2. Alors la chance est épistémique dans le sens où elle dépend de notre connaissance.
3. Maintenant, la démarche de découverte présuppose aussi l’ignorance.
4. Par conséquent, aucune méthode ni programme de découverte authentique ne peut s’abstraire de la chance (en raison de 1b et 3).
5. La chance ne pouvant être exclue de la méthode, cela rend la méthode impossible puisqu’une telle méthode devrait être omnisciente.
6. Aussi, « une méthode omnisciente de découverte » est contradictoire.
7. Comme l’est « toute méthode de recherche qui fait abstraction de la chance ». Ainsi on a le dilemme : la méthode est soit compatible avec la chance, soit elle ne l’est pas. Dans un cas comme dans l’autre, la méthode est impossible.
8. Le modèle BV+SR est le seul modèle de découverte possible.
9. Par conséquent, la découverte innovative n’est pas simplement cohérente avec la chance, mais doit l’incorporer.
Fin de citation.

La neuropsychologie nous enseigne que de nombreux patients éprouvent de sérieuses difficultés à planifier en raison de l’altération des fonctions exécutives. Cela se produit aussi lorsqu’on est très anxieux, déprimé, lorsqu’on a un sévère déficit d’attention, lorsqu’on est atteint de schizophrénie.

D’après Shubert (le psychologue, pas le musicien), les personnes qui performent bien au test de pensée divergente de Guilford ont en commun de présenter assez fréquemment des signes schizophréniques et assez peu de sens de responsabilité. Autant de caractéristiques relatives avec l’absence de plan non ?

Aujourd’hui, on a substitué au lien créativité-schizophrénie, un lien entre désordre schizotypique de la personnalité et créativité comme l’atteste Martindale. On n’est plus dans la psychopathologie. Les grands créatifs ont aussi fréquemment en commun des expériences perceptuelles originales et une pensée magique. Comment planifier lorsque les expériences perceptuelles (et je pense à la synesthésie, soit le mélange des sens comme par exemple le fait qu’un son provoque une couleur) sont originales et lorsqu’on est habité par une pensée magique ? D’autre part, ces créatifs résistent à la pression sociale. Le critical thinker aussi.

Et si on pouvait approcher cet état de créativité sans embrasser une personnalité schizotypique, rien qu’en concevant ses apprentissages autrement, alors qu’on le sait, ils sont le fruit d’une construction culturelle et non d’une réalité naturelle et objective ? Quand on sait que nos apprentissages, donc notre manière de traiter les informations, conditionnent notre appréciation de la réalité et la prise de décision, les enjeux sont importants.

Voici ce que Stenning et Van Lambalgen écrivent au sujet de la manière dont on apprend et raisonne dans nos sociétés : « Ces sociétés soutiennent l’apprentissage d’un contrôle flexible du système 2 dans l’éducation formelle, et ils le font ainsi en enseignant les nouvelles compétences au niveau sémantique de l’interprétation du discours plutôt qu’en implémentant une machinerie nouvelle basée sur la preuve. »

Autrement dit, on enseigne l’histoire, alors que «Stenning a évalué des études qui montrent que l’enseignement de la logique peut transférer ses résultats de manière à améliorer le raisonnement général, si l’objectif est le transfert à un niveau plausible ».

 

Droits réservés, toute reproduction interdite. En revanche, un lien vers l’article est le bienvenu.

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