Le geste de mémorisation en Gestion Mentale

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Le geste de mémorisation a été très peu abordé par la gestion mentale ; elle nous offre néanmoins quelques pistes non dénuées d’intérêt.

Les problématiques de la mémoire sont cependant abordées sous l’angle plus avisé de la psychologie et des neurosciences dans la rubrique appropriée.

Avant de poursuivre la lecture de cet article, je vous invite à lire les articles suivants dans l’ordre, afin de mieux saisir les fondamentaux de la Gestion Mentale :

  1. Introduction aux cinq gestes mentaux
  2. Introduction à la gestion mentale
  3. Evocation : de l’éveil des sens à l’éveil aux sens
  4. Exercices d’évocations en Gestion Mentale
  5. Le geste d’attention en Gestion Mentale

 

 

Le principe

 

Le geste de mémorisation est en fait un geste d’attention auquel se rajoute un évoqué d’avenir. Mémoriser est, du point de vue de la gestion mentale, conduit par un projet de se rendre présent (être attentif) à ce que l’on perçoit (en le voyant, en se le décrivant, en le manipulant) puis de générer une image mentale (visuelle, auditive, kinesthésique) qui simule un lieu et un moment où on a besoin de ce qu’on a perçu (c’est l’évoqué d’avenir).

 

 

La méthode détaillée pour tous

 

Autrement dit, voici la méthode pour conduire le geste de mémorisation dans l’objectif de mémoriser:

  1. Je me donne le projet de retrouver dans l’avenir ce que je vais percevoir, et je me fais confiance ;
  2. Je perçois ce qui est à mémoriser (je vois, je me le décris, je le touche ou manipule)
  3. J’évoque (je re-vois, je ré-entends, je ré-cite, je manipule dans ma tête) l’objet à mémoriser en m’imaginant une situation où j’aurais à le retrouver
  4. Je vérifie que mon évocation soit fidèle au percept.
  5. J’imagine des questions que l’on peut me poser
  6. Je recommence si besoin est.

 

Imaginons que je doive me souvenir d’un argumentaire de vente :

  1. Je formule ostensiblement le projet de mémoriser cet argumentaire pour le retrouver dans l’avenir ;
  2. J’encode l’argumentaire (je le « photographie », me le raconte, et/ou fais des gestes pour traduire ce que je lis) ;
  3. J’évoque à la fois des moments et des situations où j’aurais besoin d’exploiter l’argumentaire, et je le re-vois, le ré-entends, me le ré-cite et/ou re-fais les gestes ;
  4. Je vérifie que mon évocation (l’argumentaire simulé dans mon conscient) est fidèle à ce que j’ai perçu (l’argumentaire sous format papier ou électronique)
  5. J’imagine toutes les questions que l’on peut me poser ;
  6. Je recommence si j’estime ne pas être performant.

 

 

Comment retrouver ce que j’ai mémorisé ?

 

En revanche, pour retrouver dans sa mémoire l’objet mémorisé, il faut procéder de la sorte :

  1. Je me souviens du projet de mémorisation (le lieu, le moment, le pourquoi, les questions)
  2. J’évoque l’objet mémorisé (je re-vois, je ré-entends, je ré-cite, je manipule dans ma tête)

Notons que ce projet de mémorisation abordé par la gestion mentale se retrouve dans les méthodes de thérapie pour accéder à la mémoire des patients, mais aussi dans la conduite des entretiens d’explicitation. On n’accède pas directement à l’objet mémorisé, mais on va de la périphérie vers le centre. C’est essentiel.

Par exemple, lorsque j’interroge – gràce à l’entretien d’explicitation – des personnes qui ont fait preuve d’une extraordinaire mais trop ponctuelle performance dans leur emploi, elles expriment leur incapacité – ce qui est normal – d’expliciter leurs gestes. Impossible dans ce cas de les modéliser pour les transmettre. Je mets alors ces personnes en condition d’évoquer le lieu et le moment où elles ont réalisé ce geste (ce peut être un travail intellectuel bien entendu), et c’est alors que ledit geste commence à revenir en mémoire, même plusieurs années après l’avoir accompli. Ca n’est pour autant pas systématique. Notons que le psychologue Pierre Vermersch, fondateur de l’entretien d’explicitation, fait référence à Antoine de la Garanderie pour ses entretiens pédagogiques.

 

Et les problèmes de mémorisation ?

Selon la gestion mentale, les problèmes de mémorisation seraient dus à trois facteurs :

  • un projet mal formulé ;
  • un défaut d’attention ;
  • une évocation contraire à son langage pédagogique selon les paramètres.

Par exemple, j’ai formulé le projet d’apprendre mon argumentaire de vente. Je le récite à mon épouse, et semble le connaître. Mais une fois devant le client, ma mémoire me fait défaut. Le projet a été mal formulé. Au moment où j’ai encodé l’argumentaire de vente, mon évoqué d’avenir avait fait place à mon épouse, pas au client. En récitant l’argumentaire à ma femme, le projet a été accompli. Je n’avais donc plus à m’en souvenir.

Nous ne nous attardons pas sur le défaut d’attention. Au moment d’encoder l’argumentaire, j’étais distrait. Ajoutons cependant que certaines personnes mémorisent au moment où elles sont attentives : le geste d’attention et de mémorisation n’en font alors qu’un.

L’évocation contraire à son langage pédagogique habituel est un peu plus complexe et nécessite d’être parfaitement familier avec la gestion mentale. Croyez-moi, cela demande des années de pratique pour en connaître certaines subtilités.

Imaginons cependant la situation fictive suivante : je gère bien le paramètre P1 (le paramètre des scènes, des êtres, des gestes) visuellement, mais je ne gère pas le paramètre P2 (l’image des mots) visuellement. Autrement dit, je parviens à voir dans ma tête l’image visuelle d’un chien (P1) mais pas les lettres qui forment le mot chien (P2.). En revanche, mon épouse qui est toujours de bons conseils (comme toute épouse aimante) a une évocation auditive dont je suis dépourvu. Elle m’enjoint donc de me réciter le texte à apprendre. Etant particulièrement conciliant, je m’exécute (on sait qui est le vrai chef à la maison !). Mais une fois devant le client, je parviens à me souvenir de ce qu’évoquent les mots concrets, quand les mots abstraits me font défaut parce que je n’ai pas pris la peine de les coder en me donnant une image visuelle. Je bafouille d’autant plus que j’essaie de me ré-citer le texte, me reprends et…rate la vente ! La ré-citation ne correspondait pas à mon langage pédagogique dominant. Que l’on me permette une petite critique de la Gestion Mentale sur ce point très précis : on oublie toujours davantage les mots abstraits que les mots concrets, indépendamment de la « langue pédagogique »; voilà pourquoi il faut concrétiser les mots abstraits. Comment ? Le mot amitié (abstrait) devient un ami (concret) par exemple. Enfin, l’oubli résulte essentiellement d’autres facteurs que la gestion de la « langue pédagogique ».

 

 

Comment mémoriser un texte narratif lorsqu’on est « visuel » en P1 à l’exclusion de P2 ?

 

De la même manière, un « visuel » qui gère bien le paramètre P1 mais mal le P2 gagnera à mémoriser tout texte narratif (poésie, histoire…) de la manière suivante :

  1. Formuler explicitement le projet de retrouver dans l’avenir le texte à apprendre et être certain d’y parvenir.
  2. Lire le texte
  3. Evoquer visuellement les scènes (comme si on se passait un film dans la tête)
  4. Raconter l’histoire (mais pas la réciter) en repassant le film dans sa tête;
  5. S’assurer que la narration orale est fidèle au texte (on rappelle que pour le moment, on ne raconte que l’histoire, on ne récite pas le texte avec les mots exacts) ;
  6. On « photographie » les mots compliqués, inédits, bref, qui posent problème.
  7. On évoque visuellement une scène qui correspond au mot compliqué. Par exemple, un agneau en train de boire et un ruisseau pour « se désaltérait » et « courant d’une onde pure » dans la poésie « Le loup et l’agneau » de J. de Lafontaine.
  8. Tout en maintenant dans son conscient l’image visuelle de l’agneau qui boit puis le ruisseau, on voit s’écrire dans sa tête « se désaltérait » et « courant d’une onde pure ».
  9. S’imaginer les questions que l’on peut poser sur l’histoire ;
  10. S’imaginer réciter la fable dans le contexte où on aura à le faire (par exemple, voir dans sa tête la classe et l’enseignant, etc.)

L’ « auditif » ne rencontre en revanche que peu de problèmes pour mémoriser un texte, et le « kinesthésique » peut s’appuyer sur ses évocations auditives ou visuelles (non verbales ou verbales) en les accompagnant de gestes.

Pour finir, la Gestion Mentale nous offre quelques clefs fonctionnelles pour mémoriser des objets de complexité moyenne ; en revanche elle demeure largement inefficace lorsque la tâche se complique, à moins de gérer parfaitement les paramètres P1 à P3 dans plusieurs langues pédagogiques. Cela est possible avec une formation appropriée.

 

Note: ce document est protégé par les droits d’auteur, mais un lien vers l’article est bienvenu.

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