Introduction à la Gestion Mentale

Facebook
Twitter
Pinterest
LinkedIn

De la Gestion Mentale, les critiques ne retiennent que le profil pédagogique. C’est oublier cependant que cette approche est beaucoup plus riche comme en témoignent les nombreux ouvrages écrits par Antoine de la Garanderie. La présente introduction à la Gestion Mentale poursuit donc quatre objectifs : poser les bases de la Gestion Mentale, expliquer ce qu’est un profil pédagogique, démontrer l’utilité de la Gestion Mentale tout en précisant ses limites.

Mais avant de poursuivre la lecture de ce cours, je vous invite à lire dans l’ordre :

 

Vous trouverez également matière à appréhender les images mentales ici sous l’angle de la psychologie.

 

 

1. Les bases de la Gestion Mentale

 

La pédagogie de la Gestion Mentale repose sur les bases suivantes :

 

Cinq gestes mentaux

 

L’attention, la mémorisation, la compréhension, la réflexion et l’imagination créatrice sont des gestes mentaux (d’où le terme de Gestion Mentale) que maîtrisent intuitivement les bons élèves, que les autres peuvent apprendre à maîtriser.

 

Trois modes d’évocation (représentation mentale de quelqu’un ou quelque chose en l’absence de sa perception)

 

Il existe trois modes d’évocation, appelées langues pédagogiques : évocation visuelle, auditive (verbale), tactile (kinesthésique). Si nous avons la possibilité de gérer chacun de ces modes, en revanche, nous avons développé un mode préférentiel depuis notre enfance, soit une habitude. Or, le succès ou l’échec dans certaines tâches serait dû à la bonne ou mauvaise gestion de nos évocations. S’il existe des évocations plus adaptées à certaines activités (comme l’évocation visuelle serait plus apte à apprendre et gérer des cartes en géographie ou des formes géométriques), des évocations non adaptées peuvent suffire dès l’instant qu’on les gère correctement (on peut se raconter une carte de géographie ou les formes géométriques si l’on évoque surtout auditivement).

 

Deux modes de représentation des évocations

 

Chaque évocation – visuelle, auditive ou tactile – peut se produire selon deux types de représentation : à la 1ère personne ou à la 3è personne. On connaît une évocation verbale à la 1ère personne lorsqu’on se parle mentalement avec sa voix, et une évocation verbale à la 3è personne lorsqu’on se parle mentalement avec la voix d’autrui.

 

Quatre paramètres d’évocation

 

Nous gérons avec plus ou moins d’habileté nos évocations dans chacun des quatre paramètres suivants, ce qui entraîne des incidences dans tous les actes de notre vie :

Paramètre P1
paramètre de l’évocation des choses, des êtres, des scènes.
Paramètre P2
paramètre de l’évocation des mots, des chiffres, des signes.
Paramètre P3
paramètre de l’évocation des relations : causalité, logique, chronologique…
Paramètre P4
paramètre de l’inédit qui permet de prolonger, transformer, élaborer.

 

Six formes de compréhension

 

Nous avons développé un mode de compréhension qui repose sur une dominante au sein des couples antinomiques suivants :

  • compréhension opposante ou composante, selon que l’on comprenne sur la base des différences ou des ressemblances ;
  • compréhension applicative ou explicative selon la nécessité d’explications et explicitations ou au contraire de l’appliquer via des exercices ;
  • compréhension reproductrice ou transformatrice selon que l’on reproduise fidèlement le cours ou qu’au contraire on l’interprète.

 

Deux catégories de créativité

 

  • Le découvreur. Il interroge la Nature pour découvrir les lois qui la gouvernent, sans préjuger de la réponse. Il a l’intuition qu’il existe des signes d’une présence cachée. Pasteur est un découvreur.
  • L’inventeur. Son imagination créatrice le porte à utiliser les propriétés de la Nature pour inventer des objets. Sa conscience est tournée vers la possibilité de plier la Nature à ses exigences.

Deux formes de motivation

 

  • Motivé par la fin. La motivation étant le motif qui nous pousse à l’action, nous sommes motivés par la fin lorsque nous faisons vivre dans notre conscient le résultat final de ce que nous évoquons. Les moyens de parvenir à la fin peuvent nous échapper et provoquer l’échec de nos actions.
  • Motivé par les moyens. Nous sommes motivés par les moyens lorsque nous faisons vivre dans notre conscient les moyens de parvenir à la fin. Corollairement, la fin peut nous échapper puisque nous sommes concentrés sur les moyens, ce qui peut entraîner l’échec de l’action.

 

 

2. Le profil pédagogique

 

Sommes-nous essentiellement « visuels », « auditifs » ou « kinesthésiques » ? A la 1ère ou à la 3è personne ? Sommes-nous motivés par la fin ou par les moyens ? Comment gérons-nous les quatre paramètres évocatifs ? Comment comprenons-nous ce que nous évoquons ? Voici quelques questions auxquelles peut répondre le profil pédagogique.

Le profil pédagogique se base à la fois sur un questionnaire et une mise en situation pour observer les gestes mentaux et les langages pédagogiques dominants. Ce n’est pas un test, il n’y a ni classement ni mauvais profil. Le profil pédagogique s’établit sur la base d’un entretien pédagogique qui répond à certaines normes pour être efficace.

L’objectif du profil pédagogique est d’apprendre à se connaître afin de repérer partiellement ses processus mentaux. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les Dieux et l’univers » disait Platon. Le profil pédagogique n’est donc pas une fin en soi, mais le point de départ d’un travail.

A moins d’avoir abordé les problématiques de l’introspection et de la métacognition en psychologie, tout en connaissant parfaitement la Gestion Mentale, il est impossible d’établir seul son profil pédagogique. De la même manière, un certain nombre de sites et de magazines qui proposent des questionnaires pour déterminer son profil ne sont pas d’un grand secours, essentiellement parce que sans formation, le lecteur est incapable d’accéder à ses processus mentaux, mais aussi parce que les auteurs desdits questionnaires se sont contentés d’étudier un seul des ouvrages d’Antoine de la Garanderie : le profil pédagogique.

Je proposerai aux membres du réseau social un questionnaire sérieux avec son mode d’emploi complet et détaillé, tout en rappelant la nécessité de recourir à un professionnel pour établir un profil avec la plus grande certitude. Pour avoir établi plusieurs dizaines de profils pédagogiques d’élèves, étudiants et adultes, j’ai pu mesurer la difficulté de la pratique. En effet, si la Gestion Mentale est simple en apparence, elle est en réalité étonnamment complexe

Pour terminer sur le sujet, on n’est ni « visuel », ni « auditif », ni « kinesthésique », mais tout à la fois. Nous avons seulement pris l’habitude d’utiliser l’un ou l’autre de ces langages pédagogiques en fonction des tâches, avec plus ou moins d’efficacité. Par convention, nous mettrons des guillemets devant « visuel », « auditif » et « kinesthésique » pour bien marquer la distance à employer avec ces termes.

En revanche, nous gérons différemment nos évocations. Si nous sommes tous « visuels », certains d’entre nous sont capables de « voir » dans leur conscient l’orthographe des mots, des images avec plus ou moins de netteté, etc. Cela entraîne de nombreuses conséquences. Fort heureusement, un « visuel » (quelqu’un dont la dominante évocative est visuelle) peut apprendre via des exercices à devenir « auditif » (il cumulera alors deux dominantes). Nous observons ici, encore une fois l’effet de la plasticité synaptique.

En psychologie, le langage pédagogique se nomme image mentale et fait partie du champ des représentations. Des chercheurs comme Paivio (et sa célèbre théorie du double codage), et plus récemment Kosslyn ou Pylyshyn sont des spécialistes incontestés de ce domaine de recherche.

Les neurosciences cognitives ont mis en évidence les images mentales et s’intéressent à leur fonctionnement. La neuropédagogie emploie les images mentales pour apprendre et comprendre.

 

 

3. L’utilité de la Gestion Mentale

 

La Gestion Mentale connut son heure de gloire dans les années 90 avant d’être supplantée par la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) à laquelle on l’associe à tort en raison du mode d’évocation auditif, visuel ou kinesthésique. En réalité, la Gestion Mentale a peu en commun avec la PNL.

 

Mieux se connaître

 

Grâce à l’introspection guidée par le praticien, la Gestion Mentale permet de mieux se connaître, de repérer quelques processus mentaux, donc d’expliquer comment on fonctionne dans nos apprentissages comme dans nos comportements. Or, se connaître est une première étape dans la performance individuelle.

 

Etre plus performant

 

La Gestion Mentale s’applique aussi bien en milieu scolaire que dans le développement personnel et professionnel puisqu’elle permet :

  • de mieux gérer les cinq gestes mentaux : attention, mémorisation, compréhension, réflexion, imagination créatrice, donc de mettre en place une stratégie de réussite ;
  • de mieux gérer les modes évocatifs (« visuel », « auditif » ou « kinesthésique ») que l’on n’a pas l’habitude de gérer. Ainsi, quelqu’un qui est essentiellement « auditif » a naturellement plus de difficulté à appréhender l’espace. Une dominante auditive peut donc être renforcée, via les exercices appropriés, par une gestion visuelle des évocations, qui ne rentrait pas dans les habitudes de la personne. Or, la possibilité de se représenter visuellement des cartes, schémas, tableaux, personnes, paysages, mots, relations logiques, figures géométriques (etc.) offre des opportunités insoupçonnables. On peut véritablement affirmer que c’est un nouveau monde qui s’ouvre. J’ai par exemple incité un « visuel » à se donner une évocation visuelle pour analyser un sujet de dissertation en philosophie, ce qu’il ne faisait pas naturellement. Nous avons codé visuellement le vocabulaire de la philosophie et renforcé la gestion du paramètre P3, aussi les énoncés lui devenaient-ils concrets. En se donnant une image visuelle, cet élève a pu enfin augmenter ses notes en philo. Autre exemple. Un « auditif » était très bon en arithmétique, mais mauvais en géométrie. Il n’avait aucune évocation visuelle dans aucune matière ni dans la vie courante, ce qui est assez rare. Je lui ai enseigné à gérer ses évocations auditives en géométrie ce qui a eu pour résultat d’augmenter considérablement ses résultats.
  • Gommer ses faiblesses et accentuer ses forces. Par exemple, quelqu’un qui est essentiellement composant est davantage attentif aux similitudes qu’aux différences, davantage porté vers les qualités et forces que les défauts et faiblesses. Or, lorsqu’on travaille dans un service d’analyse de la concurrence on a aussi besoin d’être opposant.
  • De mieux réussir ses gestes, que ce soit pour le bricolage, le sport ou un autre domaine. Par exemple, l’évocation kinesthésique est plus appropriée pour réparer un engin mécanique, quand le footballeur essentiellement auditif aura besoin de se parler les gestes à accomplir. En entraînant ce footballeur (amateur) aux évocations visuelles, J’ai constaté une amélioration de ses gestes techniques et de la rapidité de la prise de décision.

 

Aider dans son orientation professionnelle

 

« Pour quel métier suis-je fait ? » est une question récurrente à laquelle la Gestion Mentale offre partiellement une réponse via le profil pédagogique. En faisant le profil de quelques dentistes, j’ai ainsi noté qu’ils étaient tous visuels et kinesthésiques et géraient mal les évocations auditives.

 

Vendre plus

 

Pour vendre plus, il faut s’adresser à tous les clients, donc aux différents profils. Par exemple, la musique a vu ses ventes dopées lorsqu’elle fut accompagnée de clips vidéo qui permettaient aux « visuels » de fixer des images à associer aux sons.

Dernier exemple : je suis intervenu auprès d’un commerçant qui ne comprenait pas pourquoi il vendait moins bien certains articles. J’ai constaté que les clients n’avaient pas le droit de toucher les articles en question ; ils n’existaient tout simplement pas pour les « kinesthésiques » qui ne pouvaient pas s’en faire de représentation mentale.

 

Mieux communiquer

 

De nombreux problèmes de communication dans la vie professionnelle comme dans le couple viennent du fait « qu’on ne parle pas la même langue ». Dès que « l’auditif » parvient à mieux comprendre « le visuel », certains problèmes s’arrangent.

D’autre part, un « visuel » a davantage besoin de métaphores et comparaisons pour saisir ce qu’on lui dit ; ces figures de style lui offre l’opportunité de susciter des images mentales.

 

Dans de nombreux autres domaines

 

Il est enfin impossible de lister tous les bénéfices de la Gestion Mentale puisque cela s’adresse à notre façon d’être, de faire, de se représenter.

 

 

4. Les limites de la Gestion Mentale

 

En lisant les trois parties qui précèdent, le lecteur aura l’impression que la Gestion Mentale représente la solution ultime. Ce n’est pas vrai. De nombreux psychologues cognitivistes ont démontré les limites de cette discipline, que nous avons prises en compte. De la même façon, nous nous sommes inspirés des techniques d’entretien d’explicitation de Pierre Vermersh pour conduire avec une plus grande efficacité les entretiens pédagogiques qui ont pour but d’établir le profil. La Gestion Mentale demeure cependant un excellent outil en complément d’autres approches, mais ne peut prétendre régler seule tous les problèmes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Newsletter

Retrouvez notre actualité